Des titres comme des haïkus japonais À l’ombre de la lune, Au-delà de la lumière, L’humanité des arbres, La nuit et l’arbre, Le temps se souvient, Noir de lune…
Chrisian Lapie attache un soin tout particulier aux titres de ses œuvres. « Je veux qu’ils soient comme un haïku japonais, comme un indice poétique pour un imaginaire, il faut que l’œuvre soit comme un poème. »
Mais les titres traduisent également une préoccupation qui semble tourner en boucle dans l’esprit de Christian Lapie, une question jamais résolue : «L’obscurité des origines. » En se plaçant au-delà du temps humain, en proposant un langage artistique qui tend à l’universalité, l’artiste rejoint la quête de transcendance et de spiritualité que porte les êtres humains depuis les premières premières grottes ornées.
Là se joue le besoin de « l’Homme de marquer de façon spirituelle son temps et sa relation au cosmos qui me paraît évidente ». Et de prolonger la réflexion avec les mots de Paul Klee : « L’art joue sans s’en douter avec les réalités ultimes, et néanmoins les atteint. Nous imitons dans le jeu de l’art les forces qui ont créé et créent le monde. »
« Pour mon exposition à la galerie RX, je voudrais qu’on puisse dire »il y a du sacré dans ces œuvres » et comme l’écrit Régis Debray : on n’échappe pas au sacré, si vous lui tournez le dos, il vous fera les pires ennuis. Le sacré déborde le religieux, comme la transcendance déborde le surnaturel. »
Si chacun peut y voir des totems, des gardiens, des guerriers, des héros antiques, il s’agit de « figures » pour Christian Lapie, des ombres redressées qui invitent à élever l’esprit et l’âme, symboliquement comme humainement.
Une exposition minimaliste Christian Lapie choisit volontairement de présenter peu d’œuvres pour une exposition très simple et sobre, privilégiant tout autant les sculptures que les espaces qui les entourent. Il s’agit là d’une véritable écriture spatiale, alternant ce qui pourrait être des coups de crayons au fusain et des vides pour jouer une partition visuelle. Alors, le temps est comme suspendu, maintenu en un point d’orgue qui nous invite à la contemplation.
Le rythme entre ces silences et ces noires est donné par la mise en espace de ces œuvres qui ne sont jamais présentée de façon frontale, Christian Lapie préférant le surgissement ou la surprise. Si l’artiste est célèbre pour ses sculptures monumentales pouvant atteindre des 7 mètres de haut, celles qu’il a conçues pour la galerie sont de dimension plus raisonnable : une assez grande sera placée sous la verrière et autour, 6 autres (entre 1,70 et 2,20 mètres).
« Elles composent des groupes de plusieurs figures (2 à 4) issues d’un même arbre qui a été fendu en plusieurs morceaux. Je suis très attaché à cette idée de l’unité fondatrice d’où naît le multiple. »